Le projet Biophilia s’est dévoilé sous la forme d’un album, d’une application, de concerts en résidence mais également à travers un volet éducatif.

Dans chaque ville de résidence, le but est d’explorer, avec des enfants, les idées musicologiques, scientifiques et technologiques amenées par le projet via une série d’ateliers.

Le programme éducatif Biophilia est ainsi conçu pour inspirer les enfants, développer leur créativité, et les initier à la musique et aux sciences par le biais des nouvelles technologies. C’est un programme innovant, en rupture avec les modes d’enseignement traditionnels de par sa manière de mélanger musique et science.

Conçu pour des enfants de 10 à 12 ans, le programme éducatif Biophilia a été lancé en collaboration avec le Manchester International Festival en 2011. Son développement, appuyé par Björk, s’est poursuivi en collaboration avec des chercheurs de l’université d’Islande et des professeurs de science et de musique des écoles de Reykjavik. Il a ensuite évolué et s’est enrichi progressivement au fil des résidences.

Le parcours des ateliers se construit autour d’une documentation contenant des programmes, des pistes d’enseignements et des ressources de base en science ou en musicologie. Ces deux domaines se complètent et se répondent mutuellement amenant la prise de connaissance chez les enfants de manière plus intuitive et durable.

L’équipe du programme éducatif Biophilia, supervisée par Curver Thoroddsen, et les équipes locales collaborent ensemble pour proposer un parcours pédagogique unique et personnalisé en fonction des spécificités des lieux visités. Les programmes développés localement sont proposés aux écoles de la région pour être intégrés dans le cursus scolaire comme à Reykjavik.

Les ateliers Biophilia ont déjà visité les villes de Manchester, Reykjavik, New York, Buenos Aires, et Oslo et s’installent maintenant à Paris à l’Espace des sciences Pierre-Gilles de Gennes de l’ESPCI ParisTech en coordination avec Deuxième Labo et avec le soutien de l’association Science Ouverte .

Deuxième labo est une agence de conseil et de service spécialisée dans la recherche, le numérique et la culture scientifique. Elle propose des solutions au service de projets de société, pour des clients représentant tous les secteurs de la connaissance (ministères, laboratoires de recherche, collectivités locales...). Deuxième Labo se concentre sur des projets de vulgarisation scientifique avec des interventions auprès de groupes hétérogènes (animation d’ateliers jeune public, de séminaires professionnels, de modules de formation) ou de l’analyse et du conseil stratégique (positionnement et image).

L’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI ParisTech), est une grande école d’ingénieurs fondée en 1882. Les ateliers Biophilia se déroulent dans l’espace Pierre-Gilles-de-Gennes , qui est une partie de l’école ouverte au public, visant à rapprocher la science des citoyens. Véritable passerelle entre le grand public et le laboratoire, c’est dans ce lieu que sont organisés des différentes expositions sur le monde scientifique et ateliers pour le jeune public.

L’association Science Ouverte exerce son action principalement dans des territoires socialement défavorisés. Son objectif est d’ouvrir les jeunes aux sciences et vice versa. Elle mets en place une structure visible et efficace en Seine-Saint-Denis , capable de susciter des vocations scientifiques et d’ aider les jeunes dans cette voie. Science ouverte associe du soutien scolaire à des activités extérieures comme le programme Biophilia.

Le programme éducatif est une exploration multimédia rapprochant deux domaines, la musique et la nature, destinée aux enfants sous forme d’ateliers.
Ces ateliers sont composés de 20 minutes d’animations scientifiques, 40 minutes d’approche à la musique et d’une heure de composition musicales à la découverte des instruments conçus sur mesure.

Les ateliers, prévus pour une quinzaine d’enfants de 10 à 12 ans, s’étalent sur une période d’une semaine. Les enfants, dont 1/3 est issu de quartiers défavorisés de la région parisienne, sont encadrés par les musiciens de Björk, des médiateurs scientifiques, des chercheurs et un professeur de musique, à raison de 2 à 3 heures par jour.

À travers chaque application, inspirée d’un morceau de Biophilia, un thème scientifique et/ou musical bien précis sont abordés comme l’origine de l’univers, la croissance des cristaux associée à la structure musicale d’une chanson, la matière noire et les gammes et les tonalités ou encore l’adn et le chiffrage des mesures.

A partir d’un squelette général, fourni par le programme Biophilia, un programme est imaginé. Il est évolutif et s’adapte en fonction des moyens et de l’organisation des intervenants locaux.


Lors de notre visite au centre Pierre-Gilles de Gennes, l’application Crystalline était à l’honneur.

La projection du clip sert d’introduction, et permet aux enfants de formuler leurs questions autour de l’apparition de la vie notamment, et amorce le dialogue avec l’équipe d’encadrement.

Ensuite une expérience scientifique en rapport avec la formation des cristaux est réalisée devant les enfants. Cette expérience de Stéphane Leduc, très visuelle, utilise des sels métalliques en vue d’obtenir des structures semblables à des coraux ou à des algues sous-marines.

Pour cela, une solution de silicate de sodium est mélangée à différents sels métalliques en poudre ou en granulés. Au contact de la solution, ils se forme un précipité insoluble qui forme comme une pellicule qui entoure le sel en solution. Par osmose, de l’eau pénètre lentement à l’intérieur de cette pellicule , et puisque moins dense, suivant la poussée d’archimède, la solution saline remonte dans la pellicule qui se crève au sommet , laissant s’echapper les sels dissous, qui reforment une pellicule poreuse au contact de la solution de silicate de sodium. Petit à petit, des cheminées, ou des branches se créent et forment un superbe "jardin minéral".

Cette expérience mets en avant deux notions de physique : l’osmose (ou pression osmotique) et la poussée d’Archimède.

Puis les enfants assistent à une petite explication sur la structure musicale avec notamment le refrain et le couplet. L’explication est mise en parallèle avec la chanson Crystalline et son application à travers le jeu.

À l’issue de cette journée, les enfants repartent avec en souvenir sur une clé USB les photos de l’atelier et les morceaux composés avec l’application.

Nous remercions chaleureusement Elifsu Sabuncu, membre et fondatrice de deuxième labo, pour sa disponibilité et son accessibilité et aussi Curver Thoroddsen ! Merci également à tous les intervenants bénévoles des associations.

Liens :

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www.bjork.fr


Les ateliers se terminent avec la visite de la scène du Zénith de Paris et la démonstration des instruments avec Curver Thoroddsen.

On présente aux enfants les harpes gravitationelles, l’instrument le plus imposant et le plus fragile présent sur scène mais aussi le plus discret niveau sonorité. Les harpes sont constituées de balanciers utilisant la gravité pour effectuer des mouvement pendulaires, et pincer en passant une corde à chaque passage. Les cordes sont situées sur un barillet sur chaque balancier et permettent de choisir la note à jouer en les tournant à la verticale.

Manu Delago, percussioniste (entre autres), présente son instrument de prédilection : le Hang Drum ; mais aussi le xylophone électronique permettant de simuler la harpe pendant Moon ou la batterie électronique utilisée pour déclencher toutes sortes de samples, comme les Amen breaks pendant Crystalline, ou les samples vocaux de Mouth’s Cradle.

Curver Thorodssen a méticuleusement isolé tous les samples des titres avant la tournée afin de les jouer et de les manipuler en live pendant les concerts.

Matt Robertson, qui officie aux machines pendant les concert, manipule ces samples. Il utilise notamment la Reactable, qui grâce à une interface très visuelle, sert de synthétiseur virtuel. Elle permet d’agir sur les sons en live, en appliquant des effets en temps réel sur les samples comme des délais, des modifications de fréquence... Les sont sont modifiés en déplaçant des cubes de motifs sur une table rétroéclairée. La caméra, placée sous la table, permet de reconnaître les motifs et ainsi lancer l’effet souhaité avec plus ou moins d’intensité en fonction de la position du cube.

Les enfants sont également invités à expérimenter avec l’appareil et à découvrir les instruments contrôlés en MIDI (l’orgue, le gameleste). Les conventions sont quelque peu bouleversées avec des instruments traditionnels contrôlés par ordinateur et d’autres joués par des humains via des samples articifiels ou éléctroniques.

Enfin, Curver Thoroddsen présente aux participants la bobine Tesla, présente au centre la scène. Cet appareil permet de générer des éclairs à une fréquence déterminée, et produit un son correspondant à la fréquence choisie (par exemple un éclair à 130 Hz donne un Do). La bobine Tesla peut soit être reliée à un clavier pour ainsi être jouée simplement par un instrumentiste, soit reliée à un Lemur (surface précurseur des contrôleurs tactiles). Après la théorie, chaque enfant peut jouer avec la bobine, en choisissant les notes ou en passant en mode "arpège", une notion étudiée dans la semaine. Leur composition est enregistrée et fournie dans la clé USB à la fin des ateliers. L’imposant appareil, son volume sonore assourdissant et ses éclairs impressionnent certains enfants, mais après la mise en pratique, tous semblent ravis. Au fil de la démonstration, Curver thoroddsen répond aux questions sur les éclairs, sur les dangers éventuels de l’appareil, ainsi que sur les contraintes de mixage en concert qu’entraîne un important volume sonore.