Pour moi ce projet est une suite logique de Volta. Volta était quelque part dans l’anthropologie, cette fois on ne s’intéresse pas aux humains. Ici on prend en compte à la fois l’aspect macroscopique, comme les planètes, mais aussi l’aspect microscopique, comme les atomes. Et de cette manière, comprendre le son, comment le son se déplace et comment les notes se comportent dans une pièce, comment elles se réverbèrent sur les murs et entre les objets ; tout cela se rapproche de la façon dont les planètes ou les choses microscopiques se comportent.
Quand j’ai commencé à travailler sur ce projet en 2008, j’ai vraiment senti que la technologie avait vraiment fait un bond en avant, et certaines choses qui étaient très compliquées à réaliser il y a encore dix ans sont devenues très faciles. Peut-être est-ce parce que je suis fainéante et que je me suis entourée d’ingénieurs du son, mais une partie survivait en moi (?), parce que je ne voulais pas m’enfermer dans un certain type de programmation, mais plutôt penser différemment, et pouvoir travailler avec l’électronique directement à partir des émotions, des idées, plutôt qu’à partir d’aspects purement techniques. Et puis sont apparus les écrans tactiles, les Reactables, c’est tellement excitant pour quelqu’un comme moi qui défend la musique électronique depuis 20 ans, de pouvoir être impulsive, d’utiliser ses technologies pas seulement comme instrument live, mais aussi pour composer.
part 2 music school by Björk
Cela inclut aussi ce projet que j’avais étant enfant de créer un école de musique, un jour, surtout pour les enfants entre 4 et 6 ans. Mon côté prof de musique frustrée ressort sur ce projet, où j’essaye de transformer l’enseignement de la musique pour le rendre moins académique, et plus en 3D, dans l’espace, intuitif et impulsif. Comme si on finissait par en faire un peu partie soi-même. Donc ce projet a des ambitions dans cette direction. Je ne dirais pas que c’est, non, peut être semi-semi-éducatif, parce que pour beaucoup de choses sur ce projet je me suis accordée une approche poétique, tout n’est pas scientifiquement rigoureux.
part 3 spiritualism by Björk
J’ai remarqué chez pas mal de mes amis, et aussi chez les gens que je respecte qui ont écrit des livres, réalisé des films, qu’à cet âge de la vie où je me situe actuellement, ils font leur genre de profession de foi spirituelle, vous voyez ? Et qu’il faut en quelque sorte inclure ça d’une manière ou d’une autre. On arrive à un certain âge, et on doit inclure ça. Et on doit expliquer comment ça marche, en rapport avec tout ce que vous faites.
Quand on a fait la dernière tournée, le Volta Tour, on a travaillé avec des Lemur et des Reactables, et quand on a commencé à composer pour ce projet en automne 2008, on a entendu des rumeurs selon lesquelles allait sortir un ordinateur, entre un iPhone et un ordinateur portable. Alors on a commencé à programmer l’ensemble du projet pour un Lemur, qui est un objet relativement similaire, c’est un écran tactile. Et maintenant que l’iPad est arrivé, je pense que c’est un instrument qui permet de manière incroyable de composer de manière impulsive et intuitive.
Dès qu’on s’est mis à travailler sur ce projet à l’automne 2008, j’ai évoqué l’idée de sortir de l’habituelle structure 4/4 parce que je stagnais. Et j’avais besoin de changement. J’ai eu l’impression que l’électronique commençait à être prête pour me permettre de faire quelque chose de manière impulsive.
Très tôt dans le projet, on a commencé à écrire des chansons, dont une à propos des éclairs et du tonnerre, et je pense que c’est le choix le plus évident, quand on essaye de prendre des motifs dans la nature et de les connecter avec des sons, c’est vraiment le choix le plus évident.
Un autre aspect par lequel ce projet est un peu différent, est qu’il a commencé avec beaucoup de recherches, de lectures et de compréhension des points de convergence entre la nature et la musique... les similarités entre les structures de la nature et celles dans la musique. Ensuite on se lance à écrire les chansons.
