21 août 2007

Arènes de Nîmes

Nîmes, France
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Première partie : M.I.A

Reviews

10000 fans ont assisté hier soir au premier des deux concerts nîmois de la star islandaise. Celui de ce soir affichait complet mais une centaine de places seront remises en vente.

Les arènes sous le charme de la fée Björk

Plutôt cool et largement post-ado, le public (pas loin de 10 000 entrées) du premier des deux shows nîmois de Björk (mais le second à avoir été programmé...). Manquaient visiblement les cohortes de fans (plus extravertis ?) ayant pris leur billet pour demain soir. Après la première partie assurée (sans trop d’impact) par la chanteuse anglaise MIA, il fallait bien une série de "Ola" pour faire monter la température, opportunément radoucie sous un ciel redevenu moins menaçant. A 21 h 35, sous les frondaisons d’oriflammes aux motifs d’animaux marins, une étrange tribu de choristes et de souffleurs de cuivres, portant d’amples vêtements, Prend place à droite de la scène, inondée de lumières rouges.

De la gauche déboule alors Björk, impatiente d’en découdre, tel un feu follet, flottant dans une sorte de poncho vert, ses cheveux bruns fouettant ses joues. Mais c’est pourtant dans une atmosphère clair obscur que se déroule le début du show. Des gradins les plus éloignés, on a même du mal à distinguer les traits de la petite fée islandaise. La scénographie est d’un dépouillement inattendu. Mais peu à peu, dans cet entrelacs d’instruments à vents, de grondements de basses, de beats électroniques, de harpes celtiques, l’effet conjugué de sa remuante présence et de sa prenante voix, habitées par on ne sait quel esprit chamanique, happe les sens.

M. C.

« Ses apparitions sont si rares qu’il faut en profiter »

On leur avait prédit la pluie, c’est finalement sous un soleil timide que les inconditionnels de Björk ont attendu l’ouverture des portes, à 20 h 30.
Sur le parvis des arènes, une foule se masse progressivement pendant tout l’après-midi. Jeux de cartes, lecture, sieste, glaces ou même jonglage, tout est bon pour patienter jusqu’au soir.

Danny et Julia deux étudiants anglais, sont venus dès midi voir s’il y avait du monde. Ils ont décidé de revenir vers 15 heures. « C’est plutôt tranquille, mais on tient à être bien placés. Ses apparitions sont tellement rares qu’il faut en profiter au maximum. On a fait Liverpool-Nîmes pour l’occasion. »

Livres à la main, Olivier et Sébastien sont arrivés à 16 heures « pour être le plus près possible de la scène, dans la fosse ». Les deux lycéens venus de la Côte d’Azur, ont eu de la chance : « On avait des places pour jeudi, mais on les a perdues ! On a réussi à racheter des tickets au dernier moment. Maintenant, on ne bouge plus ! ».

De l’extérieur, les arènes éveillent les curiosités. « J’ai hâte de voir à quoi ça ressemble, commente Caroline, venue de Toulon. C’est une double première : la première fois que je vois Björk et la première fois que je rentre dans les arènes ». Frédérique et Julien, pourtant parisiens, ont choisi de venir à Nîmes. « On connaît le lieu de réputation. C’est une vraie occasion de voir une artiste aussi atypique dans un tel lieu. On ne serait pas venus si le concert avait eu lieu dans une salle plus classique ». Julien partage son enthousiasme : « Au XXIe siècle, c’est un peu magique de savoir qu’on va voir un concert dans des arènes. »

Entre averses et éclaircies, les fans patientent... Et s’impatientent. « J’aurai dû prendre un jeu de cartes ! » s’exclame Marina, venue de Loire-Atlantique exprès pour le concert. Contre les barrières, certains prévoyants ont installé des couvertures et commencent une sieste. L’après-midi traîne en longueur mais au bout de l’attente une certitude : leur patience sera récompensée !

Léa Outier - Midi Libre

Björk déclare son indépendance

Trois concerts seulement en France pour une des tournées les plus attendues de l’année. Et la chanteuse islandaise prouve une fois de plus qu’elle n’obéit pas aux conceptions habituelles du rock-business.

MARDI SOIR, à la toute fin du concert, Björk sort d’elle-même, des rêves intimes, des histoires d’amour, des introspections et des confessions qui constituent l’essentiel de ses textes de chansons. Alors, elle parle - elle crie, plutôt - à la deuxième personne de l’impératif : « Raise your flag higher, higher/Declare independence » (« Brandit ton drapeau plus haut, plus haut, déclare ton indépendance »). Ce « declare independence » est peut-être le premier message explicite adressé à son public par la chanteuse islandaise, le premier depuis Debut en 1993, l’album qui la révéla tout à fait après quelques années au sein des Sugarcubes. Declare independence vient à la fin de Volta, son dernier album, paru au printemps dernier, et clôt les concerts de sa tournée européenne (en France, trois dates seulement, Nîmes avant-hier et ce soir, puis Rock en Seine à Saint-Cloud ce dimanche). Ce que les poètes appelaient un envoi et les fabulistes une morale, et qu’elle a décidé de clamer après quinze ans d’un chemin pionnier, dans un vacarme d’électronique saturée, de batterie furieuse et de cuivres néoclassiques. À 41 ans, elle ose enfin un slogan. Et c’est un mot d’ordre de liberté.

Car que fait-elle depuis des lustres, sinon déclarer son indépendance, sinon affirmer qu’elle est souveraine en son territoire, que son espace n’est gouverné que par ses propres lois, que son désir seul en fait le droit. On lui a connu, tournée après tournée, des harpes, un accordéon, une chorale inuit, un octuor à cordes, une grosse boite à musique, des inventions électroniques extravagantes... Pour la tournée de Volta, voici que s’installe à cour un singulier ensemble de cuivres, dix jeunes femmes en robes fluorescentes, un fanion rouge accroché dans le dos et dressé au-dessus de leur tête, comme des guerriers du Japon médiéval dans un film de Kurosawa. Jonas Sen au piano et au clavecin, le très vigoureux Chris Corsano à la batterie, les fidèles Mark Bell et Damian Taylor à l’électronique. D’ailleurs, Taylor expérimente sur scène la Reactable, produit de la recherche en électroacoustique de l’université de Barcelone : une grosse table lumineuse ronde sur laquelle le déplacement d’objets génère d’impressionnants orages sonores.

Une palette à la fois plus affirmée et plus précise

Tout se tient donc dans les frontières dessinées par la composition du groupe, par l’ampleur et la solennité des cuivres, leur capacité à conduire les chansons vers des parages baroques (la structure proliférante et l’orchestre détimbré de Hope, les sonneries de cors de Joga), répétitifs (la migration d’I Dare You d’une atmosphère martiale vers une hypnose à la Philip Glass) ou hollywoodiens (l’atmosphère de générique à la Lalo Schifrin de Bachelorette). Mais, après avoir été tentée de s’effacer derrière ses musiciens ou ses excellentes idées d’orchestration (comme avec le duo Matmos lors de la tournée de Vespertine), la voix s’impose de plus en plus à la musique, non parce que Björk Guomundsdottir est la patronne et paye les salaires de tout le monde sur scène, mais parce qu’elle a acquis une sorte de majesté, une palette à la fois plus affirmée et plus précise. Ainsi, sur Immature, entend-on à la fois la noblesse lyrique de Madame Butterfly et la charge sexuelle de Tina Turner, ce qui est après tout un bon résumé du personnage - diva et rockeuse, savante et instinctive, obsédée de civilisation et gourmande de sauvagerie.

Car mardi, aux superbes arènes de Nîmes, devant une première fournée de 10 000 spectateurs, comme en 2001 devant 280 privilégiés à la Sainte Chapelle à Paris, Björk sait être toujours l’héroïne du foisonnant théâtre qu’elle bâtit autour d’elle. Les amateurs de frénésies retrouveront sa danse d’Army of Me, compromis de la danse plinn bretonne et de l’échauffement de boxeur, ou la danse de Hunter, entre la folle poupée de kabuki et l’enfant au tambour. Ils seront peut-être déçus que son beau boumboum anarchique n’arrive qu’à la fin du set, sur Hyperballad. Mais le groupe posséderait dans ses ordinateurs une quarantaine de titres pour cette tournée, les concerts variant beaucoup dans leur setlist depuis le début de la tournée aux États-Unis, fin avril, autour de quelques points fixes : entrée sur Earth Intruders et Hunter, fin sur Hyperballad et Pluto, Oceania et Declare Independence en rappels - dix-huit titres, une heure et demi tout juste, le format habituel des concerts de Björk, d’un fonctionnement parfois très scandinave.

Bertrand Dicale - Le Figaro

Setlist

01. Earth Intruders
02. Hunter
03. Pagan Poetry
04. Immature
05. Jóga
06. The Pleasure Is All Mine
07. Hope
08. Army Of Me
09. Innocence
10. I Miss You
11. Anchor Song
12. Bachelorette
13. 5 Years
14. Wanderlust
15. Hyperballad
16. Pluto
Rappel
17. Oceania
18. Declare Independence

sur scène

  • Chris Corsano
  • Damian Taylor
  • Jónas Sen
  • Mark Bell
  • Wonderbrass (Icelandic Brass Section)

habillée par

  • Bernhard Willhelm