C’est dans une salle bien remplie du DHC/Art que Björk est arrivée dans toute sa splendeur - lire ici : avec un style tout aussi coloré qu’éclaté - pour discuter musique, carrière et, pourquoi pas, d’artistes à écouter en faisant ses toasts le matin dans le cadre d’une conférence donnée par Red Bull Music Academy mercredi midi.
Ces jours-ci, impossible de ne pas entendre le nom de Björk résonner dans tous les recoins de Montréal. Entre l’exposition Björk Digital, sa conférence et ses deux DJ set, l’artiste a fait de sa visite dans la métropole un incontournable de l’automne.
Allumée, mais avec la voix un brin tremblante en début de discussion, Björk est notamment revenue sur le DJ set qu’elle a donné au Cirque Éloize le mardi soir (expérience qu’elle a d’ailleurs répété mercredi soir). « Je suis la pire DJ au monde », a lancé d’un souffle Björk à travers les « Mais non, mais non ! » de l’assistance.
« Certaines personnes sont nées pour ça. Je suis vraiment flattée de cette opportunité par contre. Je vois un DJ set comme un voyage : je veux mener les gens du point A au point B. Et c’est presque un défi : combien de temps je peux m’en sortir à faire jouer seulement une chanson ? (Rires) Je voulais être très minimaliste dans mes choix... Mais je suis devenue nerveuse et c’est devenu... hum... "maximaliste" ». Entre David Lang et Tenores di Bitti, l’artiste s’en est bien tirée, même si les fans qui voulaient danser ont parfois dû patienter pour pouvoir se trémousser d’une manière digne de ce nom.
« L’utopie ? J’y crois »
D’où vient son inspiration ? Björk avoue que son pays natal, l’Islande, y joue pour beaucoup. « J’aime l’Islande. L’air est pur, il n’y a pas d’armée. Avouez, c’est fou quand même. Tout le monde se connaît. Impossible de s’en sortir si on a fait un mauvais coup. » Un endroit parfait pour composer, imaginer. « J’écris beaucoup quand je marche dans la nature. Je laisse ensuite reposer et je vois ce que ça donne. J’ajoute les cordes et les arrangements par après. Grâce à la technologie, je peux faire 99,9% de ma musique dans ma chambre. Et c’est souvent ce qui prend le plus de temps ! »
Björk, qui a annoncé qu’elle travaillait sur un nouvel album qu’elle qualifie d’« utopie », ou même de « paradis », a accepté d’en discuter même si le projet est encore très récent. Un effort qui risque de s’éloigner signicativement de Vulnicura (2015). Quand l’intervieweuse la questionne sur sa définition de l’utopie, l’artiste prend un temps pour répondre. « L’utopie, j’y crois. Dans un sens, c’est de savoir ce qu’on veut. Bien sûr, tout ne se réalisera pas. Mais la réalité, c’est un autre truc à gérer. »
Possible de nous en dire un peu plus sur l’album à venir, sur lequel elle travaille notamment avec Alejandro Ghersi aka Arca ? « C’est trop tôt. L’album a encore besoin de sa bulle. C’est dur de prendre du recul, de dire où ça va. » Il faudra donc être patient avant d’en savoir plus.