Björk a visité plusieurs écoles et orphelinats de la région ainsi que des bâtiments reconstruits grâce à l’argent des donations. Ce voyage l’a beaucoup marquée : « la dévastation m’a profondément touchée » selon ses propres dires, et son voyage lui a inspiré plusieurs chansons qui apparaîtront sur son prochain album, Volta qui sortira le 8 mai en France.
« Ce que j’ai vu lors de ce voyage a été déterminant pour moi. Pas seulement la beauté des îles, mais surtout la région qui fut la plus sévèrement touchée par le tsunami. Ce n’est pas seulement la beauté et la magnificence de ces îles, mais aussi le fait d’aller dans la région la plus dévastée par le tsunami. J’ai passé quelques jours là bas, dans un village où 180 000 personnes sont mortes en un instant. Et un an après, des personnes enterraient encore des ossements, en creusant dans le fumier, et en y découvrant des objets. Ils ont dû transformer un terrain de golf en fosse commune. Et l’odeur... c’était probablement le plus frappant. On pouvait encore sentir l’odeur de la mort rôder un an après. »
Björk a écrit la chanson Earth Intruders à la suite d’un rêve fait lors d’un vol transatlantique jusqu’à New York. La chanteuse raconte « qu’un tsunami de millions et millions de gens touchés par la pauvreté » s’étirait jusqu’au-dessus de l’avion dans lequel elle se trouvait. Bien entendu la vague avala l’avion, frappa les côtes, et fit sombrer la maison blanche dans l’oubli. « C’est une chanson assez chaotique » dit-elle au sujet du premier single issu de Volta. « À proprement parler c’est un assemblage de toutes ces images » enfouies dans sa mémoire, collectées pendant son voyage et ce rêve aérien.
Earth Intruders est un morceau aux sonorités industrielles, tout à fait actuel où se mêlent ambiances de jeux vidéo et tonalités de calypso (genre musical des Antilles) - imaginez une rencontre entre Nine Inch Nails et Devo. Un son rythmique et martial parcourt une grande partie de la chanson et « évoque des émotions mêlant l’urgence, l’impatience et un besoin viscéral de communiquer. » Björk chante les paroles suivantes :
Here is turmoil out there
Carnage rambling
What is to do but dig
Dig bones out of earth
Mud, graves, timber
Morbid trenches.
Là-bas, tout est tourmenté
Le carnage vagabonde
Tout ce qu’il reste à faire, c’est creuser
Extirper les os de la terre
Partout la boue, les tombes, les ruines
Les terrains putrides
Volta est le premier album sur lequel Björk exprime sa déception face à l’état de la nature humaine.
« Je suis comme beaucoup de gens, assez excédée face à l’actuelle conjoncture mondiale, et en tant que musicienne, je voulais peut-être être le porte-parole de ces gens dans la rue, qui sont assez exaspérés de manière générale » explique-t-elle. « Je ne suis qu’une voix parmi tant d’autres, et le fait que quelqu’un comme moi en ait assez vous montre à quel point nous vivons dans une époque assez tendue. Émotionnellement, j’avais besoin de composer quelque chose d’assez viscéra let même sanglant ».
Le successeur de Medùlla a été entièrement écrit et produit par Björk et contient par ailleurs les titres Innocence, Hope, I See Who You Are, Declare Independence, Dull Flame of Desire et Wanderlust. La chanteuse a invité un casting de luxe sur Volta, dont Antony Hegarty du groupe Antony and the Johnsons (qui chante en duo avec elle sur My juvenile), Brian Chippendale des Lightning Bolt et le producteur du moment Timbaland Björk a raconté que Timbaland et ils avaient travaillé sur 4 chansons ensemble il y a plus d’un an.
Il y a 11 ans de cela Timbaland a utilisé un sample de Jòga sur le titre Hit ’Em Wit’ Da Hee de Missy Elliot et depuis Björk et lui se sont rencontrés à deux reprises. « Nous étions admiratifs l’un de l’autre, alors après toutes ces années, nous avons envisagé de travailler ensemble. C’est pour Volta que nous nous sommes enfin décidés. Cela n’a aucun rapport avec le succès que Timbaland a rencontré l’année dernière puisque nous avons écrit les chansons ensemble il y a plus d’un an, je ne savais donc pas ce qui allait se passer. Je ne cherchais pas à travailler avec le "producteur du moment" à tout prix. D’autant que pendant longtemps, je pensais que nous étions très différents : mais nous avons un petit quelque chose en commun. »