Sur cet album , il y a d’abord un écueil de taille à surmonter : la pochette. Soit le visage de Björk horriblement déformé, plastifié, sorte de monstre avec des extensions en silicone, un oisillon même pas né dans le cou, une flûte, élément conducteur du disque, tenue à bout de bras.
Mais ce serait dommage de s’y arrêter... Car si l’univers de la chanteuse est étrange, bien sûr, il y a toujours un sens. Il y a trois ans, Vulnicura était un disque de rupture, de coeur brisé après un divorce douloureux. Utopia est une oeuvre lumineuse, de tous les possibles. Tout en incantations, la voix de Björk navigue sur une multitude de nappes sonores relevées par des chants d’oiseaux, des cris de bêtes, des ambiances de sous-bois. On y entend une vraie aspiration pour une planète plus propre et plus saine.
Ce neuvième album, long, exigeant, ne convaincra pas tous les réfractaires à une artiste définitivement à part mais Utopia mérite une écoute attentive pour en saisir toutes les aspérités, et au final, malgré tout, la grande beauté.