Review
La techno chic de Björk
Posées au coeur de la vieille ville, les arènes de Vérone ressemblent à un magnifique décor de cinéma. Avant son passage, ce soir et demain au Palais omnisports de Paris Bercy, l’Islandaise Björk s’est produite dans cette enceinte antique. Parfait écrin pour les ambiances distillées par la techno chic de cette chanteuse venue du froid, actrice de cinéma à l’occasion (« Dancing in the Dark », de Lars Von Trier).
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Des moments d’authentique magie
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Björk Gudmundsdottir draine, comme ce soir-là en Italie, un public bien particulier : le genre à la fois rebelle et propre sur lui, le plus souvent sagement assis, portant la tong et le pantalon taille basse comme d’autres arborent le kilt ou le collier de perles. A 37 ans, cette artiste très à la mode aime aussi les lieux exceptionnels : à la rentrée 2001, elle choisit la Sainte-Chapelle à Paris pour la sortie de son CD « Vespertine ».
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Ce type de cadre lui sied bien. Là, dans ces arènes bondées, avec sa robe et ses cuissardes de cuir blanc, elle est apparue, silhouette diaphane, entourée d’une formation de cordes et de l’Iranienne Leila, alternant la harpe et l’accordéon.
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Figurait également au générique le duo Matmos, ces bidouilleurs électro allemands responsables de ses dernières productions - on leur doit le filandreux « Vespertine » - qui ont fourni une grande partie de son répertoire de début de concert. S’ajoutaient quelques moments d’authentique magie, comme cette version de « Hunter », extrait de l’extraordinaire « Homogenic », sans doute son disque le plus abouti. Un jeu permanent entre le feu et la glace
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Heureusement, même sur ses morceaux les plus faibles, Björk reste une chanteuse singulière : tapant du pied et esquissant quelques pas de danse façon majorette détraquée, ses respirations sont parfaitement audibles et chacun de ses gestes respire la finesse et l’intelligence. Grâce à ce drôle de charisme et à son jeu permanent - et attendu - entre le feu et la glace, l’organique des arrangements de cordes contre la froideur synthétique des rythmes électroniques, elle est une créature fascinante à contempler.
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Et lorsqu’à la fin du concert elle enchaîne ses tubes et que le tempo enfin s’accélère - « All is Full of Love », « Hyperballad », « Human Behaviour »... -, la glace se brise et l’événement commence alors à ressembler à un concert teinté de culture techno. Une culture désormais entrée dans les moeurs et que Björk a contribué à diffuser, en artiste pop brillante et complète.Sébastien Catroux - Le Parisien