Quel gâchis ! Avec Biophilia, Björk déçoit ceux qui espéraient une renaissance de la chanteuse. Pop star la plus audacieuse et enthousiasmante des années 1990, Björk aura complètement manqué le virage des années 2000 avec une suite d’albums fades pendant que les rencontres entre hip-hop, rock et électro engendraient des groupes fabuleux, qui, justement, citaient la Björk de Debut (1993) à Homogenic (1997). Foldingue géniale, Björk est devenue une triste élève appliquée
Plus tech que techno
Projet « global », Biophilia expérimente grâce à de nouvelles machines inventées par la Björk Factory. Sur scène, ça en jette, évidemment. A l’oreille, ça sonne juste étrange et froid. Autre surprise, avec chaque chanson, Björk a créé une appli iPad. Se serait-elle vendue au grand iCapital ? Pourquoi pas un site Internet gratuit ? Pourquoi pas sur Android ? Björk jure n’avoir rien touché d’Apple et avoir une démarche exclusivement artistique (1,59 € chaque chanson-appli). Apple, de son côté, se paie un joli coup de pub. Et l’expérience des auditeurs qui devaient s’en trouver « bouleversés » ? Au final, les faibles performances audio de l’iPad et l’inconfort de tenir un écran pendant tout un album déçoivent.
Arts plastiques et philo
Depuis dix ans, Björk est clairement plus intéressée par les arts visuels que par la musique pop. L’habillage de Biophilia – jaquette, clips, mise en scène des concerts… – est infiniment plus réussi que l’album lui-même. Et le discours sur Biophilia, très réfléchi et philosophique, plus intéressant que la musique qu’il a engendrée.
Cours de biologie
Des planètes, des atomes, il y a un concept derrière Biophilia. Une réflexion sur l’infiniment grand et petit. Ça donne un album aux titres évocateurs : « Moon », « Thunderbolt », « Crystalline », « Cosmogony »… et une esthétique globale cohérente. Comme c’était le cas avec le délirant Volta, sorti en 2007, sur la féminité dans tous ses états. Hélas, l’absence de vraies mélodies construites fait de l’album Biophilia un pensum.