Björk Digital à Montréal : retour en photos et interview

Jusqu’au 12 novembre, Björk Digital est présentée à la DHC/ART Fondation de Montréal. À cette occasion, Björk a donné deux DJ sets les 25 et 26 octobre au Cirque Éloize.

En marge de la promotion de l’exposition et de la présentation en avant-première de la vidéo Family, Björk s’est entrenue pendant 2h avec les journalistes lors d’une conférence de presse organisée par RBMA dont voici quelques extraits :

A propos des masques

« Puisque je suis la cible des photographes et que nous sommes à l’époque des selfies et des médias sociaux, le masque est pour moi une façon de me protéger... et aussi de me révéler. »

A propos des DJ set

« Je suis la pire DJ au monde »

« Certaines personnes sont nées pour ça. Je suis vraiment flattée de cette opportunité par contre. Je vois un DJ set comme un voyage : je veux mener les gens du point A au point B. Et c’est presque un défi : combien de temps je peux tenir à jouer cette seule chanson ? (Rires) Je voulais faire des choix très minimalistes... Mais je suis devenue nerveuse et c’est devenu... hum... "maximal" »

« Je ne prétends pas être une experte en djing, mais j’aime commencer à un endroit et me rendre ailleurs, exprimer mes goûts et mes intérêts musicaux. J’aime réfléchir aux choix des chansons et à leurs superpositions sonores - comme les chants d’oiseaux. Cela peut être minimaliste et aussi maximaliste ! »

Au sujet de sa méthode de travail

« J’écris beaucoup quand je marche dans la nature. Je laisse ensuite reposer et je vois ce que cela donne. J’ajoute les cordes et les arrangements après. Grâce à la technologie, je peux composer 99,9 % de ma musique dans ma chambre. Et c’est souvent ce qui prend le plus de temps ! »

« Lorsque j’ai acheté mon premier ordinateur portable en 1999, ça m’a libérée. Du jour au lendemain, j’ai pu composer et enregistrer moi-même mon travail dans ma chambre à coucher. »

A propos de ses découvertes musicales

« Je m’estime très chanceuse de pouvoir échanger quotidiennement des conseils musicaux avec des personnes avisées telles Robin Carolan, Alejandro Arca, Alex Ross, etc. En ce moment, j’écoute de la musique minimaliste suisse, exécutée sur des rythmes très lents. Depuis Philip Glass et ses contemporains, le minimalisme peut aussi représenter pour moi une réponse artistique à la société de consommation. »

« Je crois à YouTube, qui permet à chacun de faire des découvertes et des choix. Ce n’est pas une fuite, c’est un besoin. Il m’arrive, par ailleurs, d’avoir le sentiment d’avoir cumulé deux ans de retard, de n’avoir pas assez fait de trouvaille »

A propos de l’Islande

« Je me sens bénie d’y être née. J’aime la qualité de l’air, j’aime l’espace, et j’aime que ce pays n’ait pas d’armée. Avec sa faible population, chacun a un lien plus ou moins proche avec tout le monde. »

« Le nationalisme peut être positif, mais il peut aussi conduire au fascisme. C’est pourquoi il me faut sans cesse réévaluer ma position sur cette question. Mais j’y reviens toujours. »

« J’aime l’Islande. L’air y est pur, il n’y a pas d’armée. Avouez, c’est fou quand même. Tout le monde se connaît. Impossible de s’en sortir si on a fait un mauvais coup. »

Au sujet de ses convictions féministes

« Adolescente, j´étais très active sur la scène musicale locale [...]. Personnellement, j’ai eu tendance à vouloir en faire deux ou trois fois plus que les garçons... Aujourd’hui, je me réjouis d’observer que les choses ont changé. En Islande, par exemple, on assiste à l’émergence de femmes réalisatrices et compositrices, et aussi de groupes de rap féminin. Une avalanche de changements ! »

« J’ai six frères et soeurs [...] ; ma carrière est aussi une affaire de famille, car j’ai eu la chance de pouvoir compter sur elle. Même très jeunes, des membres de ma famille m’accompagnaient en tournée pour s’occuper de mon jeune fils. »

A propos des avancées technologiques

« Je me suis mise à l’ordinateur portable en 1999, ça m’a libérée du studio comme unique lieu de création. Je pouvais alors composer dans ma chambre à coucher et faire en sorte que mes rêves deviennent réalité... »

« Je suis sûre qu’elles peuvent aider en tant qu’artiste, mais je suis également très préoccupée par ses conséquences sur le réchauffement climatique et l’environnement en général. Si on sait fabriquer un iPhone, on devrait savoir comment se débarrasser des déchets liés aux technologies et faire en sorte de vivre dans un monde plus vert. Nous devrions y arriver »

Au sujet du nouvel album

« J’ai presque terminé d’enregistrer les voix »

« L’album a encore besoin de sa bulle. C’est difficile de prendre du recul, de dire où ça va. »

« Il est un peu tôt pour en parler. Il faut laisser les chansons reposer avant de les comprendre. Je suis actuellement en plein processus. Je suis très consciente et curieuse de ce rêve utopique dont je m’applique à célébrer l’irréalité. »

« ...comme un rêve curieux où se mêle le réel et l’irréel […] J’ai envie de célébrer l’irréel, de faire du rêve une réalité ».

« L’utopie, j’y crois. Dans un sens, c’est de savoir ce qu’on veut. Bien sûr, tout ne se réalisera pas. Mais la réalité, c’est un autre truc à gérer. »

Björk disait cependant s’être lassée des orchestrations de cordes.

« C’est comme si j’en avais fait une surdose ».

Extraits des articles publiés sur lapresse.ca, ledevoir.com et le huffingtonpost.

27 octobre 2016

mis à jour le 16 janvier 2018