Enfiler un casque de réalité virtuelle pour la première fois est une expérience dépaysante. C’est un voyage encore plus décoiffant lorsque c’est l’artiste Björk qui prend le contrôle de nos sens. Présentée à la DHC/ART Fondation pour l’art contemporain, en collaboration avec la Red Bull Music Academy et Phi, l’exposition contient cinq œuvres de réalité virtuelle qui accompagnent des pièces de son album Vulnicura. Avec ces expériences immersives, Björk réussit à amplifier l’émotion brute qui se dégageait déjà de sa musique.
En effet, l’album Vulnicura suit chronologiquement la fin du mariage de Björk avec l’artiste américain Matthew Barney. La chanteuse iconoclaste semble sortir pour la première fois depuis longtemps du simple conceptuel pour plonger à fond dans sa peine. Il en résulte des images saisissantes montrant une femme meurtrie, enragée et blessée qui marche à travers les pierres volcaniques islandaises dans l’œuvre Black Lake, une Björk lucide et amère sur une plage de sable noire, ou encore une incursion complètement sautée dans la bouche même de la chanteuse.
L’œuvre Family, présentée en primeur montréalaise, tranche avec les autres propositions par sa qualité technique de loin supérieure, qui plonge le spectateur au cœur de l’action en lui donnant des mains avec lesquelles il peut projeter des faisceaux lumineux. Debout et mobile au sein d’un univers virtuel enchanteur, on voit Björk transformée en une créature multicolore, un trou béant à la place du cœur. Des problèmes techniques ont terni l’expérience, notamment des problèmes de son, mais donnez-lui le temps de s’installer et cette œuvre futuriste vaudra assurément le détour.
L’exposition se termine avec la projection de plusieurs vidéoclips de la chanteuse et l’expérience de son projet éducatif Biophilia. Curieuse et insatiable, Björk réussit en une heure à nous faire découvrir toute l’étendue de son talent dans cette exposition avant-gardiste à ne pas manquer.
Björk Digital, jusqu’au 12 novembre à la DHC/ART Fondation pour l’art contemporain.