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Biophilia

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Au son des filles perchées

Libération, 10 octobre 2011

Deux filles, deux styles très différents, mais un point commun : la folie douce. L’Islandaise Björk et la Française Camille attaquent la rentrée avec un nouvel album chacune : « Biophilia » contre « Ilo Veyou ».

Camille

Qui c’est ? Camille Dalmais a fait de bonnes études, notamment à Sciences Po Paris. Au lieu de devenir attachée territoriale, elle a préféré écrire et produire son premier album, le Sac des filles (2002). Neuf ans plus tard, elle fait partie des chanteuses françaises les plus influentes. Bonne pioche.

Actu musicale ? Difficile de trouver un fil conducteur sur son quatrième album studio, en vente le 3 octobre, Ilo Veyou (Virgin/EMI). Camille enchaîne les a capella en français, les chansons où on écoute des enfants gazouiller, les morceaux plus pop en anglais.

Potentiel zinzin ? 90%. Depuis le Fil (2005), Camille soigne son allure de fille un peu perchée avec des clips qui pourraient être réalisés par le ballet Preljocaj. Mais elle insiste : Ilo Veyou n’est pas un album concept, elle l’a écrit enceinte « à la recherche du partage et du silence ». Une bizarrerie bien étudiée, mais qui a l’air sincère.

Björk

Qui c’est ? Présente sur la scène musicale depuis une trentaine d’années, Björk a exploré à peu près tous les genres possibles. Quand elle ne chante pas, elle squatte la tête d’affiche d’un film de Lars von Trier ou monte au créneau pour soutenir la cause tibétaine.

Actu musicale ? Biophilia (Barclay/Universal, sortie le 10 octobre) est un album concept aux allures de défi technologique : recréer les sons de la nature en dix chansons et autant d’applications pour tablettes numériques. Les fans pourront ainsi participer à l’affinage des chansons pendant sa longue tournée mondiale de trois ans.

Pourcentage zinzin ? 80%. Derrière les projets abracadabrants de l’Islandaise se cache souvent une motivation respectable. À propos de Biophilia, elle explique que « c’est un projet éducatif pour faire comprendre facilement la musique à tous, et notamment aux enfants ». Bjork chercherait-elle à engendrer une génération de doux dingos ?

Verdict : en dépit de leur originalité, les chansons frappées de Camille risquent d’irriter les oreilles sensibles. Alors que Björk conquerra, avec ce huitième disque, le peu de fans qui ne lui étaient pas encore dévoués.

par Elvire von Bardeleben publié dans Libération