Retour en grâce

Les Inrockuptibles n°1149, 1er décembre 2017

Avec Utopia, Björk imagine un monde débarrassé du patriarcat. Un album apaisé avec des vrais instruments à l’intérieur.
Il y a six ans, au moment de la sortie de son album Biophilia, Björk nous disait : “Si je n’ai jamais appris à jouer d’un instrument, c’est parce que je savais que je ne pourrais pas aller plus loin que ce qui a déjà été fait.” Plutôt aller ailleurs, toujours. Quitte (comme sur Biophilia justement ou, pour d’autres raisons, sur l’album suivant Vulnicura) à aller trop loin et y aller seule.

Björk ne joue pas d’un instrument, elle est un instrument

En écoutant l’hypertrophié Biophilia et l’hostile Vulnicura, on reconnaissait l’ambition, la volonté d’aller de l’avant et le sérieux des concepts, tout en continuant à rêver d’un album de Björk folk, avec des sons d’instruments que les gens ont chez eux, une certaine simplicité dans la construction des chansons, et peut-être même le crépitement d’un feu de cheminée.

Utopia, son dixième album, est peut-être ce rêve-là, ou ce qui s’en rapprochera le plus. Sur le visuel de sa terrifiante pochette, il faut parvenir à détacher le regard de son visage et descendre un peu. Là, juste à côté du fœtus de bestiole morte, les deux trous dans sa gorge ne sont pas les stigmates d’une récente trachéotomie, mais plutôt un rappel de l’instrument qu’elle tient juste en dessous : une flûte. Björk ne joue pas d’un instrument, elle est un instrument.

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par Stéphane Deschamps publié dans Les Inrockuptibles n°1149

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